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En termes généraux, un physicien vise à décrire la nature en utilisant le langage des mathématiques. Un tel processus fonctionne de façon cohérente pour les processus naturels, de la pousse des arbres à la dynamique des planètes, en passant par la géométrie des vagues, presque tout peut être décrit sans faute avec notre compréhension actuelle, pourtant, les lois mathématiques ont rarement été utilisés de manière aussi efficace que pour de décrire la dynamique qui gouverne le comportement des groupes.

PHYSIQUE SOCIALE

En 1835, Adolphe Quételet, sociologue belge, publie un essai intitulé « Sur l’homme et le développement de ses facultés », sous-titré « un essai sur la physique sociale1». L’essai, est principalement, un recueil de relations phénoménologiques entre différentes quantités, telles que l’influence des saisons sur les taux de natalité, faisant allusion à l’évolution possible de lois mathématiques à part entière régissant ces relations. Cet optimisme, que le langage mathématique est capable de décrire avec précision les différentes facettes de l’être humain dans un groupe, est venu certainement comme une autre caractéristique de l’état d’esprit de la Renaissance et son positivisme absolu, et est susceptible d’avoir diminué avec l’avènement de philosophies postulant à la nature indéfinissable des relations sociales.

Plus récemment, alors que le domaine de la physique et de la société est encore actif, produisant des idées et des conclusions valables, les chercheurs font preuve de plus de retenue dans l’élaboration de lois larges et déterministes. Par exemple, dans un article récent de Richmond et coll.2, intitulé « la physique des crises alimentaires à grande échelle », les auteurs ont, dans la phrase d’ouverture, formulé leur approche d’une manière très conservatrice : « Enquêter sur la « physique » des crises alimentaires consiste à identifier les caractéristiques communes à toutes les crises alimentaires à grande échelle ». En effet, les auteurs font valoir que leur approche n’est motivée que par la méthode scientifique, c’est-à-dire la recherche de traits de base communs, et ne se fait pas à l’intérieur de ce cadre.

Cette approche tempérée contraste bien avec les affirmations antérieures et plus audacieuses faites sur le terrain, comme « The Rule of Phase Applied to History » d’Henry Adams, un traité publié en 1919 dans un recueil plus vaste nommé « La dégradation du dogme démocratique »3, dans lequel il affirme que « l’avenir de la Pensée, et donc de l’Histoire, est entre les mains des physiciens, et que le futur historien doit chercher son éducation dans le monde de la physique mathématique ». Cette évolution est certainement un exemple pertinent de la façon dont la volonté de comprendre la dynamique du comportement humain a été atténuée par les limites inhérentes à la modélisation mathématique.

Néanmoins, l’avenir de la sociologie mathématique est certainement celui d’un domaine d’étude important: avec l’avènement du Big Data et de ses méthodes et lois connexes, qui permettent de trouver des modèles que les esprits humains ne parviennent pas à discerner. De nouvelles incursions apportées par ces outils modernes sont un perspective à garder à l’esprit, et une ouverture passionnante d’un champ qui aurait pu ralentir après avoir vu peut-être trop d’enthousiasme.

1. Quetelet, juge Lambert Adolphe 1842. Un traité sur l’homme et le développement de ses facultés, Tr. (sous la direction de R. Knox). [Ed. by T. Smibert]. Le peuple Est Ed.
2. Richmond, Peter, Bertrand M. Roehner et Qing-hai Wang. en 2018. ‘La physique des crises alimentaires à grande échelle’. ArXiv:1807.05100 , [Physics]Juillet. http://arxiv.org/abs/1807.05100.
3. Adams, Henry. 1919. La dégradation du dogme démocratique; avec une introduction de Brooks Adams. Macmillan de New York. http://archive.org/details/thedegradationof00adamuoft.